Béni Sylvestre, Journaliste bilingue,

Grande marche de protestation du Collectif « Sauvons le Togo »

La tradition des gaz respectée, la foule demeure mobilisée

La grande marche de trois jours appelée par le Collectif «Sauvons le Togo» a connu une entame difficile. Alors que rien ne présageait une violence des forces de l’ordre au début de la manifestation, c’est pourtant par des tirs de gaz lacrymogènes que les populations ont vidé le quartier de Déckon en fin de matinée de ce mardi avant de revenir s’installer dans l’après-midi. 

Tirs de gaz lacrymogènes contre jets de pierre, course-poursuites, pneus brulés, des blessés graves gisant à même le sol et dans le sang, c’est l’image qu’a présenté le quartier Déckon en fin de matinée de ce mardi 12 juin 2012 suite à l’appel du Collectif «Sauvons le Togo», pour manifester contre la manière cavalière et singulière dont le pouvoir en place prépare les législatives de 2012.

Ainsi, ils étaient des milliers de togolais à braver la pluie qui s’est abattue sur la ville de Lomé et de ses périphéries pour soutenir le Collectif «Sauvons le Togo» dans sa lutte non seulement pour des élections transparentes, crédibles et démocratiques au Togo, mais aussi pour le bien être social des togolais.

Partie du rond point Bè Gakpoto, une marée humaine au milieu de laquelle se trouvait la quasi-totalité des membres du collectif, s’est ébranlée pour le quartier Déckon (point de chute de la manifestation), en passant par le marché de Bè et l’immeuble Fiata. Munie de pancartes, sur lesquelles, on peut lire, «Nous allons sauver le Togo», «Pas d’élection sans consensus», «Faure sur les traces d’Eyadéma», ou encore «Faure doit partir», la foule, remontée, prononçait également des slogans hostiles au régime en place. C’est dans cette atmosphère très tendue qu’elle arrive au point de chute de la marche. Ainsi, alors que les principaux responsables se concertaient pour le discours à tenir devant la foule que soudain, une pluie de gaz lacrymogènes a commencé par tomber sur les manifestants. C’est la débandade totale. Vexés, les manifestants ont commencé par répondre au coup par coup aux forces de l’ordre. Au tir de gaz lacrymogènes, la réplique par les jets de pierre ne s’est fait pas attendre. Selon certains jeunes, c’est les forces de l’ordre et de sécurité qui auraient provoqué les manifestants en dressant des barricades sur les différentes voies donnant accès au lieu de la manifestation. «Ils nous interdisaient de rejoindre le grand groupe à Déckon alors que la manifestation est autorisée. A chaque fois qu’on tente de s’approcher pacifiquement de leur barricade pour se frayer un passage et rallier Déckon, ils nous chassent. De notre détermination à rejoindre les autres, ils ont commencé par nous lancer des gaz… Un véhicule de la gendarmerie a même roulé sur le pied d’une jeune fille», proteste avec véhémence de jeunes manifestants, bardés de pierre, décidés à en découdre avec les forces de l’ordre.

Que ce soient dans les rues ou dans l’enceinte de l’église Saint-Augustin d’Amoutiévé, les blessés sont nombreux. L’un des leaders de « Sauvons le Togo », le président d’Obuts, Agbéyomé Kodjo est blessé au visage, suite aux les violences des forces de l’ordre.

Quelques minutes après la violente répression de la marche par les forces de l’ordre et de sécurité, la foule s’est reconstituée à Déckon et s’est donc installée pour les trois jours de protestation. «Nous sommes vraiment déterminés à faire entendre raison à Faure Gnassingbé et à ses hommes qui le suivent sans réfléchir. Nous ne partirons d’ici qu’après satisfaction de nos revendications», scande la foule.

Aux dernières nouvelles, les blessés convoyés au Chu Tokoin n’ont pas été soignés. Les médecins ayant opposé une fin de non recevoir. Aussitôt des apatam-cliniques de fortune sont érigées sur le site pour prendre en charge les blessés rejetés pat le Chu-Tokoin.

Pour meubler la manifestation à la place «Tahir», un concert géant animé par des artistes engagés, entre autres Rasly, Jah Cissé, Eric Mc.

Au moment où nous bouclons tard dans la nuit, les populations accourent vers ce qu’elles appellent désormais la place « Tahir ». Une veillée est annoncée jusqu’au petit matin.     

Notons que la marche de ce mardi, est la première d’une série de trois que comptent organiser le Collectif «Sauvons le Togo», pour exiger du gouvernement togolais, le retour à la constitution du 14 octobre 1992, la mise en œuvre effective des recommandations du rapport de la Cndh sur la torture, notamment par la poursuite, le jugement et la condamnation des auteurs d’actes de torture, l’annulation immédiate des deux lois votées les 25 et 31 mai 2012 relatives au code et au découpage électoral. Il exige également le retour des neuf députés Anc exclus du Parlement.